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Nous avons assisté ces dernières années à une expansion très rapide des connaissances dans le domaine du fonctionnement cellulaire : nous avons réussi à déchiffrer l'ensemble de nos gênes (le génome), nous comprenons de mieux en mieux comment ces gênes sont traduits pour fabriquer des protéines et le rôle de ces protéines, comment fonctionnent nos enzymes et les variations qui existent d'une personne à l'autre, comment nous vieillissons et comment surviennent les maladies. Dans le même temps, des études toujours plus nombreuses viennent éclairer d'un jour nouveau les liens existant entre l'alimentation et l'apparition des maladies. Et dans nos aliments, le rôle des vitamines, des minéraux, des acides gras, et de substances plus récemment identifiées, apparaît fondamental. Cet afflux de connaissances et les résultats de toutes ces études ont donné naissance à une nouvelle "spécialité" appelée nutrithérapie dont les champs d'application très vastes restent encore ignorés par bon nombre de praticiens car non enseignés dans le cursus normal des études médicales.


Il s'agit d'une approche particulière de l'état de santé et de la prévention des maladies basée sur la notion de terrain. Elle a pour objectif d'apporter au corps la totalité des nutriments adéquats pour qu'il puisse fonctionner de façon optimale, et ce à tous les moments de la vie et dans toutes les circonstances. Si on connaît les besoins particuliers de l'organisme, on peut ainsi adapter la réponse à ces besoins et éviter dans le même temps des déficits qui lorsqu'ils ne sont pas corrigés peuvent aboutir à la maladie.

L'objectif de cette approche innovante est bien sûr de vous permettre de rester au sommet de votre forme à tout âge, mais aussi de prévenir les maladies à moyen terme et à long terme.

Il est essentiel de savoir que lorsqu'une maladie survient, elle a été précédée d'une période silencieuse plus ou moins longue (plusieurs années dans le cas du cancer, de l'infarctus, ou de la fracture du fémur par ostéoporose) et qu'il est possible de faire quelque chose si on s'y prend suffisamment tôt!


Et il en va de même lorsqu'une maladie se déclare et est prise en charge par la médecine, il est très rare qu'un accompagnement nutritionnel soit proposé. Or il faut savoir que dans de nombreux cas, la médecine nutritionnelle et les compléments nutritionnels peuvent aider le traitement à mieux fonctionner, permettre de réduire les doses de certains médicaments, voire permettre de prolonger l'efficacité des traitements à l'arrêt de ceux ci.


La nutrithérapie est donc une démarche thérapeutique autant préventive que prédictive : elle permet de corriger les déficits dès qu'ils apparaissent et même si possible avant.


En outre, par la connaissance des facteurs de risque et par leur prise en charge précoce elle permet aussi d'éviter, voire de retarder, les maladies liées au vieillissement: cataractes, dégénérescence maculaire, maladies cardio-vasculaires, cancers, démences séniles qui vont de pair avec l'allongement de l'espérance de vie.


Bien entendu, la nutrithérapie ne résout pas tout mais elle offre une approche individualisée de chaque patient, approche qui sera à moyen terme, n'en doutons pas, optimisée par les bilans génétiques personnalisés qui permettront de prévoir les faiblesses propres à chacun d'entre nous et de les corriger (SNPs).


Elle permet en cas de traitement quel qu'il soit (allopathique, homéopathique, phytothérapique ou autre) d'optimiser les réactions de l'organisme, pour que le traitement soit le plus efficace possible, ce qui est loin d'être le cas dans nombre de situations en médecine, en chirurgie et en cancérologie.


Certes ces études qui affluent, toujours plus nombreuses, viennent un tantinet bousculer des dogmes tenaces et des idées fausses qui ont la vie dure sur «l'alimentation équilibrée qui apporte tout ce qu'il faut», sur le cholestérol et sur les graisses, sur les produits laitiers, sur les modes de cuisson. Mais les connaissances évoluent actuellement beaucoup plus vite que les mentalités et il est à mon sens, du devoir de tout professionnel de santé d'oeuvrer à la diffusion de ces informations en les rendant accessibles au plus grand nombre.


Une question importante demeure: tout en mangeant équilibré et varié peut-on néanmoins venir à manquer de certains éléments indispensables à la bonne santé et si oui, pour quelles raisons?

La réponse tient en fait autant à l'évolution des techniques agro-alimentaires qu'à notre mode de vie:


La quantité d'aliments que nous absorbons a diminué de plus en plus du fait de la réduction des efforts physiques et du moindre besoin de lutter contre le froid. Or on sait qu'à ces apports caloriques correspondent une certaine quantité de micro-nutriments qui leur sont associés, et que nos apports étant situés à des niveaux assez bas, ils ne permettent pas de faire face aux situations de grands besoins (grossesse, sport intensif, stress, pollution),.


les déséquilibres alimentaires sont liés: 

  •  malheureusement à la qualité des aliments:

- sucreries et graisses en excès,

- fruits, légumes et légumineuses en baisse,

- remplacement des produits laitiers par des boissons sucrées,

- utilisation presque exclusive des produits raffinés au détriment des aliments complets.


Les ? de nos aliments sont modifiés industriellement et nos organismes ne sont pas toujours préparés et équipés, sur le plan enzymatique, pour digérer ces nouvelles molécules.

  • mais aussi à la quantité des aliments: petit déjeuner sauté ou réduit à sa plus simple expression (café), déjeuner sauté ou pris en restauration rapide, ce qui ne laisse qu'un seul repas, le soir pour apporter la quantité nécessaire de vitamines, minéraux et autres substances indispensables à la santé.

C'est donc une mission impossible! et ce d'autant que:

- les techniques de productions intensives de fruits et de légumes, leur cueillette avant maturité,

- les techniques de transformation et de conservation sont autant de facteurs de pertes et de réduction du contenu en vitamines et en minéraux de nos aliments. Par exemple, en mesurant le contenu en vitamine C de nos oranges une équipe de chercheur a retrouvé des concentrations allant de la moitié au quart des quantités prévues!


En outre, à côté de cet aspect préventif, la nutrithérapie permet également d'accompagner le traitement des maladies les plus graves qui sont pour le moment suivies par des équipes très performantes avec des résultats incontestables, mais qui pourraient à mon sens être améliorés par la prise en compte des besoins nutritionnels particuliers de chaque patient.


Encore une fois toutes les techniques thérapeutiques ne sont pas en concurrence mais oeuvrent dans le même sens, à savoir le mieux être de nos patients! Dans le monde entier il existe un mouvement, pour ne pas dire une vague de fond, qui tend à s'ouvrir aux médecines alternatives pour les intégrer à une prise en charge globale des patients, tant il est vrai que de plus en plus de personnes réalisent que notre médecine hyper spécialisée et que notre manière de concevoir l'organisme comme divisé en petits morceaux s'est engagé dans une impasse. Il n'est pas question de remettre en cause les progrès obtenus mais plutôt d'intégrer des approches plus globales largement plébiscitées par les patients pour améliorer la prise en charge des maladies chroniques et mieux gérer la prévention.


Enfin si l'accent est mis aujourd'hui sur les gènes, n'oublions pas que ceux-ci sont présents depuis nos origines et que si l'espérance de vie a varié au cours des siècles, c'est parce que ces gènes sont modulés dans leur expression par l'environnement: hygiène, pollution, stress, et bien sûr alimentation! Les progrès de la science passeront par la thérapie génique qui est porteuse de grands espoirs dans nombre de maladies génétiques, mais ce serait une erreur de penser que les gènes sont tout puissants et qu'il suffit de les modifier pour résoudre tous les problèmes: commençons donc par agir sur ce qui nous est accessible c'est à dire sur notre environnement, et en particulier sur notre alimentation. On parle de plus en plus d'épigénèse pour signifier le rôle de l'environnement sur la manière dont nos gènes sont lus, et on découvre que notre alimentation peut modifier parfois de façon définitive l'expression de certains gènes (par exemple celui de la leptine qui va jouer un rôle de premier plan dans la prise alimentaire au cours de notre vie et donc dans le risque de surpoids) à certains moments de cruciaux de la vie (grossesse).


L'idée que notre alimentation influence notre état de santé est aussi vieille que la médecine, mais il n'est pas facile de s'y retrouver, tant il est vrai que les conseils dans le domaine de la nutrition ont souvent changé, au point de décourager même les plus «accros» de la nutrition! Néanmoins les connaissances ont tellement évolué ces dernières années et l'implication de l'alimentation dans les maladies les plus graves est tellement devenue une évidence pour tous les scientifiques qui travaillent dans ce domaine, qu'il est réellement devenu possible de modifier sa forme au quotidien, sa résistance aux maladies, sa façon de vieillir et de mourir et que cela a conduit les instances gouvernementales à concevoir un Programme National Nutrition Santé (PNNS).

Le seul bémol reste pour l'instant le manque de formation du corps médical à ces notions et les réticences d'un grand nombre de praticiens à concevoir que nos besoins ne puissent pas être couverts en totalité par notre alimentation! Et pourtant les grandes études nutritionnelles réalisées en France (Esvitaf, Val de marne, Suvimax), en Europe et aux USA l'ont confirmé: il existe des déficits en vitamines et minéraux au cours de la croissance, chez la femme en âge de procréer et encore d'avantage chez la femme enceinte, chez le sportif comme chez la personne âgée.


Comme l'a dit Aldous Huxley: « Les faits ne cessent pas d'exister parce qu'on les ignore » et si la médecine freine la prise en compte de toutes ces données (souvent sous la pression de l'industrie toute puissante du médicament), il est du devoir de ceux qui comme moi ont consacré leur vie à l'acquisition des connaissances les plus récentes, d'en faire profiter le plus grand nombre, de façon à apporter aux patients l'information la plus «pointue» et la plus actualisée dans le domaine qui les concerne.


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